Aux portes de Poudlard...

Sous l'orage, la nuit, parmi les grosses gouttes de pluie et le vent violent apparut une ombre.
Ivy, désormais, se trouvait devant le grand portail de Poudlard, son balai dans la main gauche, sa baguette dans la main droite... Elle revenait d'un long périple qui avait duré selon elle plusieurs mois. Son "périple" comme elle l'appelait, l'avait menée dans des endroits pleins de souvenirs...
Elle se rappela:
Ivy connut la mort d'un ami proche, son meilleur ami, le seul avec lequel elle avait un semblant de sociabilité. Quand elle avait une dizaine d'année, elle et sa famille paternelle allaient souvent en Russie, en Taymyria, avec des amis proches. Là-bas, avec eux, ils dormaient dans des yourtes et faisaient des ballades de chiens de traîneaux la journée. Parfois, son père s'éclipsait, car ces "voyages" étaient des prétextes pour organiser ses expéditions en tant qu'Auror. Une nuit, Ivy se souvint l'avoir suivi, avec son ami, Nathan. Ce fut sûrement la pire idée qu'ils aient jamais eu.
Car cette nuit là, Nathan disparut. Son père, était en fait à la poursuite d'une sorte de mage noir débutant, se cachant dans un dédale de galeries glaciales, qui commençait à devenir très dangereux. Celui-ci était en train de se créer une armée d'Inferis, et kidnappait des gens pour faire l'expérience de nouveaux sorts sur eux. Nathan fut l'une de ses victimes, tandis qu'Ivy put (sans savoir comment) s'en sortir au milieu des Inferis et s'échapper de la grotte. Depuis, elle avait beau obliger son père à poursuivre cette enquête, le débat était clos, car sur ordre de ses supérieurs, le père d'Ivy dut arrêter de travailler sur ce mage noir puisqu'un de ses proches était impliqué. De plus, le mage ne donnant plus signe de vie, l'enquête s’essoufflait et les Aurors laissaient tomber, petit à petit. Ivy décida alors d'aller chercher son meilleur ami.
Elle savait bien que c'était du suicide, se battre contre un homme dangereux à 16 ans! Elle était au courant de tous les risques, des promesses de mort que cet endroit lui envoyait, mais elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Elle avait prévu son coup depuis longtemps, elle étudia à Poudlard assez longtemps pour apprendre des sorts utiles, elle passa toute sa scolarité plongée dans les livres de défense et de magie noire. Elle organisa son départ, calqué sur la sortie de Pré-au-lard. Elle réussit à s'enfuir avec une facilité déconcertante car à Pré-au-Lard, personne ne surveillait les élèves. Elle récupéra son balai qu'elle cachait au Chaudron Baveur puis elle s'envola, faisant souvent escale dans des hôtels miteux où personne ne faisait attention à elle.
Puis elle arriva enfin en Taymyria. Sachant que le mage changeait souvent de planque car il savait que les autorités étaient à ses trousses, elle devait se renseigner et après un mois de travail acharné, elle trouva enfin une destination "potable". Potable, le temps, lui, ne l'était pas, il neigeait tous les jours depuis plusieurs semaines, et le vent s'acharnait sur les collines glacées qui composait la Taymyria. Mais malgré cela, Ivy s'enfonça au milieu des terres de glace, éloignées de toute population, et tomba enfin nez à nez avec un cratère. La glace fendue en deux à cet endroit formait un passage vers des grottes s'enfonçant profondément dans une pénombre qui n'avait rien à voir avec la nuit.
Ivy prit donc son courage à deux mains et descendit. La descente lui prit plusieurs jours, chaque jour devenant plus sombre. A partir d'un moment (Ivy ne comptait plus les jours) elle commença à entendre des grognements, des grattements le long des parois de la grotte. Puis ce fut enfin le face à face: Ivy se trouvait tellement profond dans le cratère que le dédale de couloirs devenait un labyrinthe. Elle décida alors de tourner toujours à gauche, mais une fois, une seule fois, elle n'aurait pas dû. A la seconde près où elle se retourna encore une fois vers le côté gauche d'un énième carrefour, elle se retrouva surprise par un cul-de-sac. Mais au moment de faire demi-tour, elle entendit un râle...
Le genre de son qui ne sort jamais de la bouche de quelque être vivant. Ivy murmura:
"-Incendio!"
Grâce à ses lectures, elle apprit tous les points faibles des Inferis, et heureusement, car derrière elle ne se tenait pas un seul Inferi mais au moins une dizaine. Dizaine qui tomba à terre sous l'effet du feu. A partir de ce moment là, Ivy se mit à courir car elle se retrouvait face à sa plus grande peur. C'est à coup de Stupéfix, de Bombarda Maxima et d'Incendio qu'Ivy se fraya un chemin à travers les "morts-ensorcelés". Après de longues heures passées à tuer du "zombie" et à essayer de trouver Nathan, Ivy arriva enfin dans une sorte d'antichambre. Les parois étaient déjà beaucoup plus espacées et le plafond était au moins à 2m de hauteur. Les murs étaient illuminés de l'intérieur par une sorte de lumière grise, tandis que des cages pendaient du plafond, de ces cages gouttait une sorte de liquide rougeâtre qu'Ivy identifia comme du sang. Elle détourna son regard de ce liquide répugnant et continua son chemin en direction de la seule porte que contenait cette salle. Elle remarqua d'ailleurs que la grotte commençait à refléter une certaine présence humaine, de par son aménagement. Enfin en face de la porte, Ivy se rendit compte de sa grandeur, elle faisait la hauteur de la salle! Mais aussi, elle était faîte de glace et ne possédait aucune poignée. Ivy essaya alors toutes sortes de sortilèges comme "Alohomora", "Confringo" et même le sortilège "Finite" ne fit aucun effet. Ce fut alors qu'elle se rendit compte que quelque chose était écrit en plein milieu de la porte:

Seule la mort peut passer

Ivy se résolut à retourner en arrière, elle réprima son dégoût car elle avait une idée en tête. Les Inferis font partie des morts, elle aurait donc une chance de passer en emportant un corps... Elle n'eut pas de mal à trouver les corps sans vie mais néanmoins inanimés des Inferis, se baladant le long du dédale glacial, mais il y avait un problème: le nombre d'Inferis présents avait dû doubler voire tripler pendant qu'Ivy était partie et elle comprit enfin ce que le mot "armée" voulait dire. Où qu'elle regardait, à droite ou à gauche, elle ne voyait que des cadavres ambulants, de plus l'odeur devenait vraiment insupportable, les morts en putréfaction donnaient la nausée à Ivy. Elle se décida alors à agir, elle décida de lancer des "incendio" à tout va, tous les corps devant elle tombèrent. Ce fut alors qu'elle se retint de vomir et attrapa le bras (ou la jambe, Ivy n'en savait rien) d'un corps au sol. Elle vit ensuite une autre vague de morts arriver avec lenteur, encore plus nombreux. Elle pointa sa baguette vers sa gorge:
"-Sonorus."
Puis elle hurla, comme jamais elle n'avait hurlé. Comme elle l'avait prédit, les parois de la caverne s'effondrèrent derrière elle, ce qui lui laissait le temps de retourner à la porte. Elle courut, malgré le fait qu'il n'y avait plus de danger derrière elle, essayant de ne pas penser au corps encore chaud, gluant, putride qu'elle essayait de tirer. Arrivant enfin devant cette porte, elle ne savait que faire, elle s'appuya dessus afin de se reposer, mais alors, sûrement parce qu'elle amenait la mort avec elle, elle traversa la porte et tomba de l'autre côté. Par malchance elle tomba sur le mort, elle essaya de se relever en crise mais le corps lui collait au vêtements. En un sortilège "Lashlabask" elle se défit de l'Inferi. Ensuite elle ne put se retenir de vomir.
Quand elle se remit de ses émotions, elle remarqua alors "l'architecture" des lieux. Tout était fait de glace, de grandes stalagmites remplies de lumière rougeâtre montaient vers le plafond haut de plusieurs mètres en formant des sortes de flammes,tout comme le sol, étonnamment non-glissant... Mais ce qu'Ivy remarquait le plus était les cages, encore une fois les mêmes que dans l'antichambre, pendues au plafond, mais cette fois-ci, elles n'étaient pas vides. S'approchant de l'une d'elles, Ivy vit une main dépasser des barreaux...une main d'enfant, en la touchant, elle sut que celle-ci n'était plus vivante. Elle recula, jusqu'à ce que son dos rencontre une paroi glaciale. Arriverait-elle à trouver Nathan? Il le fallait. Petits, ils s'étaient fait la promesse de ne jamais laisser tomber l'un ou l'autre. Et elle respecterait cette promesse. Elle se ressaisit alors et commença à rechercher dans toute la pièce un signe de sa moitié. Parmi les cages, certaines personnes étaient encore vivantes, blessées mais vivantes, leurs corps trahissant les expériences qu'ils avaient subi. Ivy aida alors ces personnes à sortir de leurs prisons, leur demandant des nouvelles de son meilleur ami. Après ses recherches, elle le trouva, enfin elle l'aperçut. Il n'était pas dans une cage comme les autres mais laissé à l'abandon dans un coin de la salle. Ivy s'approcha de lui en courant, et d'un coup, elle sut que quelque chose clochait. Nathan ne réagit même pas à l'arrivée de sa moitié, il semblait absent, amorphe, aphone... Il semblait ne pas avoir mangé depuis des jours, il avait le teint cireux, les orbites creusées. Ses yeux gris normalement pleins de malice étaient désormais sans expression et de ses cheveux châtains habituellement mi-longs et en bataille il ne restait rien, on lui avait rasé le crâne. Sur ses bras s'étendaient des traces de piqûres. Ivy cria:
"-NATHAN! Viens! Suis-moi!"
Mais il ne réagissait pas.
Alors un bruit sourd se fit entendre.
Quelqu'un ouvrait une des multiples portes qui se trouvaient dans la salle.
Ivy l'entendit hurler, et lancer des sorts mortels partout dans la salle.
Elle souleva alors son ami et le pris sous le bras.
C'était la panique, il y avait un mélange de mortels et de vivants dans la salle, des cris fusaient de partout, des pleurs, des râles...Mais Ivy ne pensait qu'à sauver l'être le plus cher à ses yeux. Partout, il y avait du sang, on voyait les Inferis se jeter sur les vivants, les mordre, les dévorer littéralement... Parmi ce bain de sang, Ivy remarqua que la source de tous les sortilèges transplanait, traversant de part en part la salle. Elle hurla alors:
"-Que ceux qui peuvent transplaner emportent les autres, fuyez!!!"
Les gens encore vivants réagirent et plusieurs vinrent se presser contre Ivy en la suppliant de les aider, de les sauver.
Elle serra alors Nathan plus fort avant de se mettre à transplaner elle même, abandonnant les gens à leur propre sort. Elle n'avait transplané avec quelqu'un qu'une seule fois, mais cette fois-ci devait absolument marcher.
Alors, la dernière vision qu'elle eut de cette salle fut la plus terrible. Elle vit le sorcier en cape noire emporter une fillette blonde par les cheveux et la jeter au milieu des monstres.
3 Secondes plus tard, elle se trouvait en dehors de ce labyrinthe maudit, sur la neige, toujours en Taymyria.
Elle avait retrouvé Nathan, mais en même temps, elle l'avait perdu. Elle sentait bien qu'il n'était plus le même, ce n'était plus qu'une coquille vide. Elle tomba alors à genoux et se mit à pleurer. Elle pleura pendant longtemps, malgré la fatigue et le froid. Finalement, son père la retrouva, elle l'entendit transplaner à côté d'elle. Il ne dit rien. Il l'emmena, elle et Nathan, à l'hôpital Sainte-Mangouste.
Ce fut après s'être reposée pendant une semaine que son père lui raconta qu'il la pistait depuis longtemps mais qu'elle bougeait trop pour être rejointe, il lui dit aussi que la caverne dont elle était sortie s'était effondrée et qu'il ne pouvaient rien faire pour cela. Finalement, il lui apprit que Nathan avait subi trop de tortures, qu'il était devenu un "légume", qu'il serait à jamais inconscient.
C'est tout? Se demanda Ivy. Elle aurait fait tout ça pour rien? Elle se sentait abandonnée, comme si il manquait une partie d'elle même...
Elle fit alors ce qu'elle n'avait jamais fait de sa vie: Une crise de nerf. Elle se lâcha, pleurant, hurlant, balançant tout ce qui lui passait par la main pendant plusieurs jours. Puis elle s'enfuit de l'hôpital, alors qu'elle devait y séjourner plusieurs semaines, de toute façon, elle se savait sous la surveillance de son père. Elle revint alors à l'endroit où elle pourrait se sentir ne serait-ce qu'un peu mieux après la "pseudo" mort de Nathan.
Poudlard.
Elle arriva en volant, grâce à son balai qu'elle avait récupéré chez elle juste avant.
Alors c'est en ce remémorant ce périple qu'elle se promit de ne jamais oublier, ne jamais oublier Nathan, ce garçon qu'elle aimait comme son frère, comme son meilleur ami, comme l'amour de sa vie, un amour d'enfance qui ne s'effacerait jamais.
Ne jamais oublier ce sorcier dont personne ne connaissait l'identité et qui apparemment avait disparu une fois de plus...
Ne jamais oublier les gens qu'elle n'a pas sauvé malgré leurs supplications. Tous ces gens qu'elle avait abandonnés, et maintenant elle le regrettait, elle culpabilisait, elle ne serait plus jamais la même. Elle porterait le poids de plusieurs morts sur le dos.
C'est avec ces idées morbides qu'elle envoya un patronus (très faible au vu de la situation).
"-Va chercher quelqu'un pour m'ouvrir le portail." Dit-elle à son panda presque invisible.
Elle espérait que quelqu'un viendrait la chercher, elle ne voulait pas faire une entrée remarquée, fracassante. Elle aurait presque aimé être un fantôme.
Elle regarda son panda s'éloigner vers le château et s'assit sur le sol boueux, les cheveux et les vêtements trempés par la pluie. Ignorant la nuit noire et le vent tourmenté. Finalement, le temps était en accord avec elle pour une fois.

Louenn se baladait tranquillement à Poudlard, malgré l'heure tardive.
Dans une main, sa baguette, dont la pointe était illuminée par le sort Lumos.
Dans l'autre main, un bien précieux: la carte des Maraudeurs. Noeru ne la lui prêtait uniquement pour surveiller les déplacements de Melgrye, mais il arrivait parfois au Serpentard de l'utiliser pour ses escapades nocturnes dans les cuisines.
Et enfin, dans sa bouche, un cookie.
Le jeune homme ne s'invitait dans les cuisines la nuit que depuis qu'il sortait avec Melgrye. En effet, avec tout le temps qu'ils passaient ensemble, Louenn oubliait souvent de se nourrir, et n'avait pas d'autre choix que de profiter du sommeil de la Gryffondor pour aller manger...
Bref, alors qu'il marchait dans les couloirs pour retourner dans la Salle sur demande aux côtés de sa fiancée, un curieux éclat bleu attira soudain son attention. Il tourna la tête étonné... et écarquilla les yeux.
Un panda... Un panda bleu courait vers lui... Un patronus, très faible mais suffisamment voyant pour attirer l'attention...
Sous le coup de la surprise, le jeune homme lâcha son cookie. Il baissa les yeux et parcourut du regard la carde des Maraudeurs. Aussitôt, il lut un nom située à l'entrée de Poudlard et qui l'étonna d'avantage: Ivy Armatyom.
Ivy... Sa rivale, qu'il n'avait pas vu depuis très longtemps...
Le Serpentard n'arrivait pas y croire. Une envie de sauter de joie le prit: certes, il détestait la Serdaigle, mais leurs disputes lui avaient tellement manqué...
Sans attendre, il suivit le patronus, qui fit demi-tour pour le guider vers sa maîtresse. Il courut après lui, et n'hésita même pas lorsqu'il fut obliger d'aller dehors en robe de chambre. Le garçon n'avait rien d'autre sur lui: avec Melgrye, il avait prit l'habitude de dormir nu. Pourtant, il ne frissonna pas et se ficha de la pluie qui tombait.
Il plissa les yeux, complètement trempé, cherchant à percevoir quelque chose malgré l'obscurité et le mauvais temps. Et, finalement, il perçut une silhouette assise par terre.
Une silhouette qu'il connaissait bien.
Un grand sourire éclaira le visage de Louenn, alors que des gouttes de pluie perlaient du bout de ses cheveux sur son front.

- Alors, la piaf? Enfin de retour?